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Transformer la violence en tendresse
Il s’agit de nous-mêmes, de notre propre violence, de notre propre tendresse et de notre capacité à passer de l’une à l’autre dans nos relations avec les autres et nous-mêmes. INTRODUCTION Un tel titre peut laisser imaginer un scénario magique. Une fée, un ange, un extra-terrestre, un messager de Dieu ou Dieu lui-même, bref une entité venue d’ailleurs débarquant du ciel en plein cœur d’une situation... Après son passage, palestiniens et israéliens fraterniseraient dans les rues de Jérusalem... Des dictateurs demanderaient sincèrement et publiquement pardon pour les guerres et les tortures et offriraient des réparations... et votre chef de service viendrait s’excuser de son comportement odieux. ET DIEU VIT QUE CELA ETAIT BON (2) La réalité qui s’offre à nous dans le quotidien : cadeau ou malédiction ? Cette phrase de la bible a-t-elle un sens pour nous aujourd’hui, ici, tout de suite ? Ou plutôt ne nous semble-t-elle pas tout simplement indécente au regard des souffrances qui nous entourent et déchirent le monde ? Comment voyons-nous la réalité qui s’offre à nous à travers des personnes, des événements et des situations ? Cadeau ou malédiction ? L’IMPUISSANCE OU LA POSITION DE VICTIME Fuir, se soumettre ou râler Le sentiment d’impuissance est accompagné de croyances comme : " je ne suis pas capable ", " A quoi bon ? ", " Chienne de vie ", " c’est comme ça, on n’y peut rien ", " je n’y arriverai jamais, ce n’est pas pour moi ". Il nous situe dans une " position de victime " définie par trois sortes de comportements : * La fuite et l’évitement : colères étouffées, non-dit, anesthésies diverses (travail, hyperactivité, distractions, sexe, médicaments, drogues) * La soumission : résignation, fatalisme, esclavage, abaissement, dépendance à l’autre, auto-dévalorisation, auto-humiliation. * La plainte : le problème, c’est les autres mais je me garde bien de les interpeller , de toute façon ça ne sert à rien. Si nous nous enfermons dans cette position de victime, c’est à dire si nous nous installons de façon chronique dans un ou plusieurs de ces comportements, la souffrance et la violence vont grandir avec des conséquences prévisibles : Amertume, misanthropie, rancunes, dépression, somatisations, dépendances. L’INDIGNATION OU LA POSITION D’AGRESSEUR Foncer en aveugle, attaquer, s’auto-agresser Le sentiment d’indignation ou de révolte va s’appuyer lui aussi sur des croyances : " pour que la situation change, il faut qu’un tel change ", " Sans lui tout irait bien ", " je devrais être autrement pour que ça aille mieux ", " telle situation est la cause de tous les maux "...etc. il nous amène très vite à une position d’agresseur, dès lors que nous trouvons un responsable/coupable à nos malheurs. * Juger, culpabiliser, manipuler, faire pression sur les autres pour qu’ils soient différents de ce qu’ils sont...et si ça ne suffit pas, attaquer ceux que l’on juge responsable de l’état qui nous fait mal, les forcer par la punition, les coups , voire envisager l’élimination. Eliminer les violents pour éliminer la violence. * Se juger, se punir, se forcer, ne pas se respecter, se culpabiliser, s’auto-détruire. * S’affronter à une situation avec des solutions idéales, stéréotypées, préconçues, sans anticiper les conséquences et sans chercher la cohérence des moyens employés et des fins poursuivies. L’histoire contemporaine abonde en " solutions finales " des nazis jusqu’aux récents conflits en Irak, en Tchétchénie ou en Palestine, projections collectives de comportements individuels. Quand ce type de comportements devient chronique, là encore la violence s’accroît considérablement autour de nous et généralement nous est renvoyée. Sur le plan international les conséquences sont sous nos yeux chaque jour, mais qui dira combien de gamins ainsi traités, " éduques " ou exclus en collège par le système scolaire ou certains enseignants ? Combien de divorces , de ruptures entre proches sont dues à ce type de comportement ? DE LA REVOLTE A L’IMPUISSANCE Maintenant qu’à coup de tête tu es passé à travers le mur, que feras-tu dans la cellule d’à côté. Le plus souvent nous oscillons entre position de victime et position d’agresseur, comme un papillon enfermé se heurte alternativement aux deux vitres d’une pièce. Chaque tentative renforce l’impact de la suivante. UNE TROISIEME VOIE Une capacité de bienveillance existe en tout être humain Lorsque nous sommes confrontés à une réalité désagréable ou douloureuse, y a-t-il une alternative à l’impuissance et la révolte, d’autres positions possibles que celles de victime et agresseur ? Le psychiatre américain Bruno Bettelheim, qui a vécu en tant que juif dans les camps de concentration en 1939 écrit : " L’homme et la société sont nés à la fois de la violence et de la solidarité bienveillante ; il serait vain de négliger l’une ou l’autre si nous voulons améliorer les relations humaines ". et plus loin " La violence est le comportement de celui qui ne voit pas d’autre façon de résoudre un problème qui l’obsède ". (3) COMMENT S’Y PRENDRE CONCRETEMENT ? Entrer de plain-pied dans la déception. Travailler avec la déception, en faire notre mode de vie Nous le savons, quand l’émotion est là, on ne peut faire appel à la réflexion, à la raison, c’est même pour cela que nous agissons en victime ou agresseur. La réflexion sera pour le long terme entre les moments de crises. Dans l’instant l’attitude possible est de surseoir à tout acte et observer ce qui se passe en nous au niveau corporel : comment respirons-nous, les battements de notre cœur, du côté du plexus, du visage. Simplement, par amour pour la vérité, voir cette colère, cette peur, cette tristesse surgir et modifier notre métabolisme. Voir les pensées qui se présentent sans les suivre. Il faut du courage et de l’humilité pour s’essayer à cela . RELATION FAMILIALE : histoire de Jean-Claude Je rentre chez moi tout content de trouver un outil acheté deux jours avant et je constate avec stupeur qu’il est irrémédiablement détraqué : quelqu’un est venu dans ma chambre, l’a essayé et détraqué. 1000 francs F... en l’air, je n’ai pas les moyens de racheter. Je devine que mon fils aîné (20 ans) est l’auteur du forfait. LA MALADIE : histoire de Lucie Je passe devant la maison d’amis et je m’arrête pour leur dire bonjour. Lui, 40 ans a eu un cancer il y a 7 ans avec récidive et des traitements très lourds. Depuis 3 ans il allait mieux ( il n’y avait plus de trace de cellules cancéreuses). Lorsque j’arrive il est couché en fœtus sur le canapé, pâle et maigre, le crâne chauve une fois de plus, il revient d’une séance de chimio. J’éprouve un sentiment d’injustice terrible ; Je suis furieuse. " Il n’a pas été gâté dans sa jeunesse, il a trois enfants encore jeunes, pas beaucoup d’argent " Je n’accepte pas sa souffrance et celle de ses proches. Je ne trouve pas de sens. J’ai envie de caresser sa tête. Quand je repars il se sent un peu mieux et me raccompagne à la voiture. Je le trouve très digne, bien habillé, avec le sourire. Je ressens une profonde amitié qui me paraît réciproque et de l’admiration. Il a besoin de parler mais ne se plaint pas. Pour le moment je ne peux supprimer cette révolte en moi, ce refus de la réalité. En même temps je peux éprouver compassion et amour. Accepter de m’arrêter pour regarder la peur de la mort ( je viens de me faire soigner moi-même pour un cancer).Prendre le temps qu’il faudra pour vivre cette colère, cette peur consciemment, en lien avec mes sensations. C’est avec ces émotions, peut être grâce à elles que je peux développer le sentiment de bienveillance et le traduire en acte : coup de fil, visite, écoute, donner des adresses de personnes qui peuvent accompagner...et le considérer toujours comme un homme debout avec ses capacités, continuer à chercher du sens à la vie. Je ne me sens plus victime, j’agis, je vois la beauté et la richesse de la vie dans l’instant sans nier ma révolte et ma peur. OUI C’EST POSSIBLE ! Et c’est un chemin de transformation profonde de soi. Ces témoignages sont le fait de personnes ordinaires dont les limites apparaissent dans le récit. Elles ont eu le courage et la détermination de consentir à se voir en vérité, à accueillir leurs émotions et à les vivre en différant toute action et recherche de solutions. " Il ne s’agit pas de donner quelque chose à quelqu’un mais de lâcher prise sur nos exigences, arrêter de considérer que les autres nous pompent notre énergie. "(8) * Dans l’instant par un changement radical de point de vue sur une situation précise : La violence peut disparaître entièrement ou presque mais nous aurons à recommencer dans la prochaine situation. La violence qui disparaît est celle que nous percevions ; parfois la situation objective reste inchangée comme dans les témoignages ci-dessus. Parfois cela demande quelques jours pour arriver à contacter notre capacité de bienveillance. * Dans des situations embrouillées, enkystées depuis longtemps, chaque fois que l’entourage ou notre partenaire est résistant, très blessé cette démarche sera progressive, s’étalera dans la durée par une déconstruction patiente des murs de violence et de haine, pierre par pierre, 0,01% par 0,01%. C’est souvent le cas aussi dans des situations professionnelles ou impliquant beaucoup de gens , dans les situations internationales ou sociales. Cette démarche, très comportementaliste d’apparence, peut aller bien plus loin, car ce genre de pratique rejoint beaucoup d’enseignements spirituels traditionnels présents dans diverses religions(9). Elle est aussi très proche de la méthode Vittoz, une psychothérapie à médiation corporelle (10) permettant par des moyens simples de se reconnecter au réel et au présent. Il peut être très utile de se faire accompagner pour , en différé, pouvoir retrouver des situations de tensions et approfondir avec l’aide d’une personne compétente le vécu émotionnel lié à cette situation. NOTES (1) Pema Chödrön, moniale bouddhiste, dans " quand tout s’effondre " p30 La table Ronde éditeur 1999. (2) Bible, livre de la Genèse. (4) Bruno Bettelheim, " survivre " éditions Robert Laffont (3) S J LEC (école de Palo Alto) (5) Philippe Meirieu décrit avec brio le " sursis à la violence " dans " La pédagogie entre le dire et le faire " ESF éditeur 1995 6) Boris CYRULNIK Les nourritures affectives odile jacob 1993 (7) Bettelheim op cit (8) Chögyam Trungpa cité par Pema Chödrön op cit. (9) A notre connaissance et sans exclusive, l’enseignement transmis par Pema Chödrön et Arnaud Desjardins incluent, entre autres, une démarche de ce type. On peut lire à ce sujet Arnaud Desjardins : " Pour une mort sans peur " p19 et suivantes, " La voie du cœur " p 181 et suivantes ; édition La Table Ronde. (10) L’association Roger Vittoz, 12 rue de l’Université 75007 PARIS, peut donner tous les renseignements sur cette méthode et l’adresse de praticiens. Jean-Jacques SAMUEL, 28 AVRIL 2003 La Micalié 81120 LE TRAVET |
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