par Karl-Heinz Bittl et Hervé Ott

Introduction

On assiste depuis plusieurs décennies à de profondes recompositions dans le monde : les Etats n’en sont plus les seuls acteurs, les grands organismes internationaux nés depuis la 2° moitié du XX siècle, censés réguler les conflits, la finance, le marché etc. sont contestés. L’émergence d’un grand nombre d’ONG nationales et internationales a renforcé l’influence de la Société civile.

La mondialisation des échanges, la complexité des enjeux, la recomposition des acteurs de gouvernance, l’émergence de la société civile et donc de nouvelles formes de réaction / résistance au changement obligent à adapter les moyens aux nouvelles situations. Cela implique de trouver de nouvelles formes de participation aux décisions moins pyramidales, en réseaux, avec l’existence de nouveaux processus collectifs d’approche et de résolution des problèmes. C’est ce que l’on appelle « le passage d’une logique de gouvernement à une logique de gouvernance » . Il s’agit donc de passer d’une démocratie de procédures, à une démocratie de processus , où l’art de la gouvernance consiste à atteindre le maximum de cohésion avec la plus grande liberté d’initiative, la plus grande unité avec la plus grande diversité .

S’impose alors progressivement une nouvelle forme de partenariat qu’on appelle « multi acteurs » parce qu’elle nécessite de faire travailler ensemble des acteurs de la société civile, du secteur économique et de l’Etat pour parvenir, même au niveau local, à des changements imposés par la « mondialisation » des échanges. Ces changements, accompagnés ou ignorés / bloqués un temps, vont provoquer des conflits. Ces conflits, de l’injure jusqu’à la guerre, sont des processus plus ou moins bien canalisés d’adaptation aux changements imposés par l’extérieur. Nous développerons ici toute une série de méthodes expérimentées pour améliorer la transformation des conflits et l’élaboration de « projets multi acteurs ». Au sein de la diversité des acteurs de la société civile, une catégorie retiendra particulièrement notre attention, celles des leaders des mouvements sociaux car ils sont les témoins et les révélateurs des tensions entre les différentes catégories sociales, professionnelles ou ethniques. Ce sont des acteurs incontournables de la société civile et pourtant très peu d’études ont été consacrées à la spécificité de leurs difficultés et à l’ambiguïté de leur position, de leur dynamique. Nous en avons rencontré et interviewé une vingtaine, de différents pays du monde, confrontés, auprès de populations rurales et urbaines, à des situations très variées de gestion des ressources alimentaires (pèche, agriculture), de délinquance urbaine (drogue, prison), d’injustices sociales dans le monde du travail, de pollutions industrielles, de défense des droits des humains, de construction de la paix civile, etc. Confrontés très localement à la complexité des enjeux mondiaux et aux nécessités de la négociation avec les acteurs de l’Etat et du marché, ces leaders ont en fait besoin d’acquérir des méthodes d’animation, de cohésion, d’action, de négociation etc. C’est pourquoi nous terminerons ce document par une proposition de programme de formation à leur intention.

Sommaire

Introduction. p. 3

Changement social, apprentissage sociétal et démarches multi acteurs. p. 4

Les fonctions et les « rôles » dans un groupe, une institution, un mouvement.p. 6

Dynamique et enjeux du « leadership ». p. 7
 Définition
 À l’origine des rôles informels
 À la rencontre de « leaders sociaux »
 Comment définissent-ils les caractéristiques de leur « leadership »

Les conflits comme vecteurs du changement. p. 14

Les méthodes d’animation et intervention. p. 16
 Analyser pour transformer une situation, en démarche multi acteurs
 Animer un groupe
 Susciter de la confiance
 Transformer les conflits par la mise en mots
 Résister sans violence ?

Former des leaders sociaux. p. 21
 Fondements pédagogiques d’une formation de leaders, animateurs, facilitateurs
 Structure et contenu d’un projet formation Perspectives

L’apprentissage en ligne. p. 25

En guise de conclusions. p. 27

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